La sensation inconfortable
Les réactions sont très variées: on se crispe, on perd ses moyens, on se sent dérouté, on tremble, on bégaye, on est maladroit, on se justifie, on trouve des excuses, l’expression du visage s’aggrave, on se blâme, on se dévalorise, on s’en veut, on croit que l’on ne va jamais y arriver, on voudrai abandonner…
Est-ce que, comme moi, vous avez connu une éducation fondée sur la peur de l’échec?
Quand à l’école tu faisais une erreur, tu essuyais une mauvaise note, un commentaire désagréable, grondé par le professeur, punitions en tout genre, ou encore moqué par tes camarades,… Quand tu sors des rails, on te rappelle à l’ordre, tu fais face aux jugements, critiques et découragements …
La marche sur les oeufs
On évolue au fil des années dans cet état d’esprit généralisé, entre blâmes, avertissements et honte. Certes c’est une façon d’apprendre pour atteindre certaines exigences, mais à quel prix? Cela fait naître naturellement les comportements de peur, méfiance, paranoïa, compétition malsaine, angoisse de revivre une mauvaise experience, crainte d’être à la mauvaise place, honte, culpabilité… Dans des conditions extrêmes, l’erreur peut être fatale, mais en dehors de ce contexte… est ce que cela vaut vraiment la peine? Quel est le véritable enjeu?
Les questions sont plus importantes que les réponses
Ai-je peur de faire des erreurs? Comment est ce que je vis en moi l’erreur? Comment je la considère? Est ce que je la subit? Comment je me traite lorsque je fais une erreur? Est ce que j’attends que mon projet soit parfait (sans erreur) pour commencer? Est ce que ça me rend immobile? Est-ce que je me crois parfait pour ne pas faire d’erreur ? Est ce que ce n’est pas arrogant comme attitude, de prétendre ne pas faire d’erreur? Cela réveille en moi une blessure narcissique et sape ma confiance en moi.
La faute du professeur…
Je peux toujours dire que mon état de stress est dépendant de l’attitude du professeur, lui rejeter la faute… surtout lorsqu’il me donne 1000 détails que je ne peux évidemment pas assimiler sur le champ, je veux tout intégrer là tout de suite, je ne veux pas dévoiler mon incapacité à échouer. Surtout s’il n’a pas mis la bonne forme pour faire passer le message. Surtout s’il ne réponds pas à mes attentes… surtout que… surtout que…
Je redistribue les cartes
Bon ça y est! J’ai vidé mon sac… j’ai bien soufflé…. le temps est maintenant à l’inspiration, à la création du mouvement. Je pense que la perfection est une notion abstraite, c’est le plus haut niveau de qualité que l’on peut atteindre. Or on peut toujours faire mieux, trouver des améliorations, optimiser, polir, ‘parfaire’…. La perfection c’est un chemin, une direction.
L’échec est la clé du succès : chaque erreur nous apprend quelque chose.
– Morihei Ueshiba
Marcher comme un enfant
Un enfant qui apprend à marcher ne peut le faire sans tomber. La chute lui permet de faire l’expérience de la maladresse et de s’ajuster progressivement pour réussir à avancer. Au début on est ignorant, on découvre, on essaye, on fait l’erreur, on corrige, on intègre, on éprouve et on progresse. Quand la technique est maîtrisée, l’objectif s’élargi vers une destination. Faire l’expérience de ses extrémités permet la conscience du centre et de son équilibre. L’erreur est la moitié de l’experience. L’expérience c’est l’accès à la connaissance.
L’échec est le fondement de la réussite.
– Abraham Lincoln
L’erreur est un cadeau
C’est un message de progrès, le point sur le quel apporter notre attention pour se développer, une marche vers la réussite. Plus j’ai conscience de mes erreurs, plus j’ai de leçons à en tirer, plus je les gomme, plus je consolide mes compétences, je m’affine et je me rapproche de la subtilité du sujet. Il faut avoir du courage pour aller au delà des moqueries, culpabilisations… sortir de sa zone de confort comme on dit aujourd’hui, accepter de voir son imperfection et se corriger. Échouer c’est l’occasion de prendre le temps pour se questionner, comprendre…
L’imperfection c’est le charme de la réalité, c’est la lumière sur notre part d’ombre. Surfer, rebondir de ses erreurs, improviser, lâcher prise, se détacher, les prendre avec humour, autant de possibilités que nous avons de les aborder….
J’ai l’image d’un chat qui pendant sa chute se contorsionne dans tous les sens et qui retombe toujours sur ses pattes.
La perfection est une belle collection d’erreurs.
– Mario Benedetti
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