Te Moana Ninamu
Carnet d'un étudiant en Shiatsu
Cours d'Aikido en 2011 au Dojo du camp Jeremy à Dakar avec mon frère Babacar Ndiaye à ma gauche.

Rencontre avec le Shiatsu

Lorsque j'étais enfant un ami de mon père m'a dit: 'Moana si un jour tu veux pratiquer un art martial, choisis l'Aikido'. Le respect que j'avais pour cet homme a fixé cette phrase dans ma mémoire.

4 Oct 2023

Bien des années plus tard à Dakar, je traversai l’une des périodes les plus riches et difficiles de ma vie.

Tiraillé entre une tension conjugale sans relâche, des soucis familliaux, le surmenage professionnel de mes responsabilités de chef d’entreprise du Web, mon engagement dans la vie associative, la complexité du contexte socio-économique sénégalais… Je m’aperçois d’un changement profond de mon humeur: mon sourire s’estompe petit à petit et se transmorme en mal-être constant.

Que se passe-t-il en moi?

J’ère deux années dans cet état et au hasard d’une session surf sur le web je lis la definition de la ‘dépression’. Aussitôt je me reconnais, et je me sens déjà un peu plus réchauffé par cette minuscule étincelle de compréhension. La page suivante présente l’art de l’Aikido tel qu’il est pratiqué au dojo de l’université Cheikh Anta Diop. Sans reflechir je saisi mon telephone et après une belle discussion avec le ‘Sensei’ je décide d’essayer.

Cours d’Aikido par Sensei Ndour.

C’est à la fin de mon premier cours d’Aikido que je découvre le Shiatsu.

Pour clôturer la pratique des techniques martiales, le professeur propose alors à ses élèves de se mettre en binôme quelques petites minutes pour exercer des étirements à tour de rôle sur les jambes, les bras, les mains et la tête. Alors que c’est à mon tour de ‘recevoir’, je ressens un soulagement profond de mon corps que je n’avais jamais connu jusqu’à présent. La découverte des sensations internes puissantes a atisé mon attention lorsque ce fut mon tour de ‘donner’. En pratiquant 4 minutes j’ai pu noter la simplicité des gestes et l’effet bénéfique immédiat.

Enfin je découvre une pratique où on prend soin de l’autre, sans jugement, sans intérêt, … juste pour se faire du bien … et chacun son tour !

L’esprit de non-compétition est la véritable valeur qui m’attire dans l’Aikido.

On peut faire les choses sans pour autant se comparer aux autres, ce qui mène inevitablement à la déception de soi lorsque nous sommes dans le rôle du perdant. Une notion que j’entends avec surprise et bonheur pour la première fois de ma vie.
Ce qui compte c’est de progresser à son rythme, à son aise, sur son chemin, apprécier ses propres capacités et constater son évolution.

Je dois dire que depuis longtemps je partage l’accueil et la joie de vivre et l’ouverture du coeur hérités de mes ancêtres, et j’ai souvent été moqué et déçu des retours que je n’estimais pas être à la hauteur de mon ‘don’, trop habitué à considérer les autres comme mes frères ou soeurs.

Sensei nous a fait pratiqué ces gestes sur 4 ou 5 cours à la suite, puis plus rien, … ce n’est que plus tard qu’il lâchera le mot ‘Shiatsu’.

Un jour il nous montra le Taichi Chuan et il demanda à ses élèves qui voulait bien l’apprendre. Je pense que la lenteur des gestes n’attirait pas grand monde, la tendance étant plutôt à valoriser force et vitesse, le côté brutal de la virilité. De mon côté j’étais très impressionné par cette pratique qui me renvoyait une image de parfaite maitrise de soi: les mouvements gracieux, la vitesse calme et harmonieuse, la stabilité et enfin la respiration. Je fut le seul à suivre. J’apprends pas après pas le Shiatsu des 24 mouvements du style Yang que je pratique presque tous les matins pendant quelques années.

Je rentre dans une longue période de guérison.

Je m’enferme dans la musique, l’Aikido, la natation. Armé de patience, je pratique longuement, ce qui me permet de faire et de prendre des distance sur mon mal-être. J’ai également beaucoup de chance d’avoir été entouré et soutenu par des amis bienveillants. Lorsqu’enfin je me sens mieux et que je relèves la tête, j’ai un corps entrainé, j’ai traversé plusieures fois Dakar-Gorée à la nage, une nouvelle pratique, une nouvelle famille et une nouvelle philosophie de vie.

De passage en France j’entre en librairie nourrir ma curiosité sur le rayon Art martiaux et j’ouvre le livre de Michel Odoul ‘Shiatsu fondamental Tome 1’. Et là très belle surprise ! Dans la première partie qui aborde la préparation du praticien, je constate que je connais tous les mouvements proposés, ce sont strictement les mêmes que nous utilisons pour les échauffements à chaque cours d’Aikido.

J’approfondi la lecture et je fais rapidement le lien entre l’Aikido et le Shiatsu: beaucoup de grands maîtres de Aikido pratiquent le Shiatsu.

Le fondateur de l’Aikido Morihei Ueshiba est un fervent reçeveur, de plus il a étudié les arts martiaux auprès du célèbre maître d’armes Takeda avec pour partenaire Okuyama sensei lui même grand guérisseur en Shiatsu.

De retour à Tahiti après ces belles aventures au Sénégal, je mets en œuvre les leçons tirées de mes experiences pour construire un nouvel avenir: installer ma famille, le succès dans mes affaires, dans mes activités martiales et musicales, dans mes amitiés… et la jouissance de vivre dans un des plus bel environnement qui existe sur terre.

Cours d’Aikido au Dojo de Erima à Tahiti.

10 ans plus tard, le même cycle se rejoue à quelques détails près: déchirure familiale, ma femme décide de partir vivre avec mes enfants en France et je me retrouve sur-place avec la dépression et cerise sur le gateau: la maladie de la goutte. Je comblait ce vide affectif avec la nourriture peu importe la quantité et la qualité.

Décision…

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