Immédiatement après cet éclat incontrôlé, je regrette amèrement ce comportement et le remord me ronge pendant plusieurs jours. Pourquoi ai-je agit ainsi? Ai-je resolu le problème ? Manifestement non, je l’ai plutôt aggravé même. Le mal est fait, la blessure est franche, la honte me fige, le pardon et le retour à la paix me semble impossible.
Faute de mieux, la seule solution que je trouve est de m’interdire ce comportement.
Je décide de ne plus me mettre en colère, et j’adopte alors une certaine positive attitude, une belle philosophie de vie, … cela va guider mes paroles et actions, mais aussi me jouer des tours dans beaucoup de situations de ma vie.
Depuis lors j’observe dans mon quotidien les personnes se mettre en colère je pense: Les pauvres, ils perdent le contrôle et ne se rendent pas compte du mal qu’ils font ! Et d’ailleurs je subi en silence les éclats énergétiques des personnes colériques.
Pour le stress c’est pareil, après être sorti d’un burn out professionnel, j’ai décidé que je ne laisserai plus le stress me gouverner et faire des dégâts sur moi, … encore une attitude ‘à la cool’.
En musique, j’ai été amené à monter sur scène de nombreuses fois, ce qui m’a permis de bien travailler la sensation du trac. Pendant de nombreuses années ma timidité m’empêchait de jouer et chanter devant tout le monde, et pourtant j’avais des facilités certaines. Imaginez que vous êtes passionné et doué dans un domaine mais que vous ne pouvez partager… ça peut êre frustrant.
Mon ami Kevin m’a dit un jour une phrase pour gérer le stress avant de monter sur scène :
Le stress est une énergie que ton corps met à ta disposition pour faire ce que tu as à faire.
La scène musicale a été pour un très bon exercice pour me révéler et construire le début d’une confiance en moi.
Gondwana en 1ère partie du concert de Kassav à Tahiti en 2019
Quelques années plus tard en plein cours théorique de Shiatsu, lorsque nous abordons le sujet de l’élément Bois qui correspond à l’energie de la colère, je me dis : La colère ce n’est vraiment pas moi! Puis en fin de journée nous pratiquons en binôme les meridiens du Foie et de la Vésicule biliaire.
Il est 17h lorsque le cours se termine et sur le chemin du retour une fatigue generalisée s’empare de moi, des cernes me tombent des yeux, j’ai la tremblote et des frissons de faiblesse. Je me couche exceptionnellement ce soir là à 19h, épuisé. La nuit sera très longue: je fais des cauchemards horribles et mon ventre tourne toute la nuit, … cela ne se calme que vers les 4 heures du matin. Dans mes rêves: une conspiration obscure et mal intentionnée met en œuvre les pires plans pour me faire plier, me bloquer, me coincer, m’enfermer, me bailloner, m’empêcher de respirer, de vivre, de déployer ma pleine energie vitale, mon plein potentiel, ma liberté.
Le lendemain alors que notre professeur nous démontre les gestes de manipulation des omoplates, elle lance cette phrase qui fait mouche dans mon esprit :
C’est sous les omoplates que nous dissimulons nos emotions
Je viens d’apprendre qu’il était possible de cacher ses emotions!
J’ai beau me croire ‘cool’ et ne pas me mettre en colère depuis longtemps mais je viens de prendre conscience qu’il y a des émotions cachées. Me vient alors cette question: Est ce que moi même je n’éprouverai pas de la colère que je dissimulerai pour garder intacte cette image de moi que je présente au monde? Je porte un masque et je ne suis pas moi même!
Le constat est déroutant: Si! Biensûr que si!
Si je ressens la colère et que je la dissimule, je ne suis pas celui que je crois vraiment être. Je fais semblant !
Au secours!
Est ce qu’il y a d’autres émotions que je dissimule? Oui: la peur, la tristesse, l’inquiétude, la rancoeur… Je n’ai laissé s’exprimer que la joie, mais est-ce que cette joie est veritable si je fais fi de tout le reste?
C’est compliqué l’affaire là!
Je note tous mes comportements qui me posent problème : la timidité, le manque d’expression, la peur du conflit, je laisse les autres me dévaloriser, la soumission, ne pas faire les choses jusqu’au bout, le manque de confiance en moi, le don de soi sans compter, je boude…. la liste est longue quand même!
Pourquoi je me comporte comme cela alors que je ne suis pas en phase avec cela?
C’est parceque je n’écoutes pas mes émotions!
J’en ai assez d’être comme cela depuis trop longtemps. Je veux ‘guérir’! Je tente l’exercice de décrire mes sensations corporelles et psychiques au moment même ou je sens une émotion surgir. Entre le coeur et la respiration qui changent de rythme, la peau qui se recouvre d’une fine couche de transpiration, de légers tremblements internes au niveau du plexus, le bégaiement dans une conversation où je dois me défendre, l’écriture hachurée, la prise de décision sur un coup de tête uniquement pour me débarraser du problème sans chercher la solution adéquate,…
Oui je l’avoues, je ressens de la jalousie quand quelqu’un a ce que je n’ai pas. Oui j’ai de la rancoeur que je garde pendant des années contre une personne… Donner sans attendre de reçevoir… que c’est beau sur le papier !!! Oui je l’avoues je pose des attentes sur les autres et cela ne vient pas comme je l’espère. Alors je suis déçu des autres… c’est limite vampirisant comme attitude !!! Puis lorsque je comprend que je suis à l’origine de ces attentes alors je suis déçu de moi même. Je flanche quand on donne à quelqu’un d’autre ce dont j’ai besoin, je voudrai qu’on devine mon besoin inexprimé.
J’ai regardé et avoué mes émotions ‘négatives’, celles qui sont inavouables et honteuses dans notre société. Et ça m’a fait un bien incroyable de les assumer!
Je me sens déjà un peu plus soulagé.
Pourquoi je les ressens ? D’où viennent elles?
Je remonte alors aussi loin que je peux dans mon enfance et je trouves que cela correspond à des blessures profondes qui ne sont toujours pas guéries et qui m’ont façonné.
De quoi ai-je vraiment besoin?
Ma voix intérieure me le dit cash: « J’ai besoin d’amour, de reconnaissance, d’attention, de validation, de soutien, j’ai besoin qu’on prenne soin de moi ».
Voici exactement ce que j’ai cherché sans cesse chez l’autre pendant toutes ces années. Malheureusement je ne récolte que des miettes et le manque n’est jamais comblé, … le mal-être s’entretien. Je tiens le monde pour responsable. Si je continues dans cette voie là je me condamne tout seul.
MAIS : La seule personne qui est capable de combler ces besoins c’est moi même!
A partir de là j’ai écrit une phrase qui me correspond et j’essaie de la vivre :
« Je me donnes l’attention nécessaire pour trouver le juste en moi, prendre soin de moi et me remplir d’amour. »
J’écoutes donc mes émotions pour le message qu’elles me donnent, cela me permet de ne pas être dominé par les réactions instinctives de survie qui peuvent être destructrices et pour les autres et pour moi même. Accepter mes émotions c’est les considérer comme des messagers pour accomplir les bonnes actions au bon moment en toute clairvoyance.
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