En 1909, dans la région de Diourbel au Sénégal, sa mère le met au monde seule au pied d’un Baobab. A 12 ans il s’engage dans la marine marchande et fait trois tours du monde pendant 8 ans. Il soigne par manipulation l’entorse de cheville de son capitaine, sous les yeux ébahis et agacés du médecin à bord. Vers 1930, il s’installe à Roubaix, devient laveur de voitures et enchaîne les petits boulots.
Puis il devient boxeur sous le patronyme de La Panthère Noire et monte un club de boxe. Il a l’occasion de combattre sur plusieurs rings autour du monde dont la Belgique, la Hongrie, le Brésil, l’Inde, l’Australie et… Tahiti ! Lorsqu’un jour il met K.O. un de ses adversaires qui en perd la vue, Mamadou Ndiaye se dit:
« Mes mains ne doivent plus servir à blesser, mais à soigner mes prochains »
Il traverse la période de la seconde guerre mondiale avec des actes remarquables de résistant. De retour à la vie paisible, il apprend à manipuler la colonne vertébrale en autodidacte, et approfondi ses connaissances en anatomie dans le livre du célèbre chirurgien Victor Pauchet rencontré au hasard dans un train.
Il gagne alors une grande notoriété grâce à sa capacité à soulager des douleurs physiques complexes. Sa réputation attire des milliers de patients venant parfois de loin, notamment de Belgique. Il traite en moyenne 120 personnes par jour. Certains médecins lui remettent leurs cas ‘désespérés’.
« C’était de la folie, il y avait toujours la queue à son cabinet, surtout le week-end. La place était envahie de voitures aux plaques d’immatriculation picardes, belges, parfois même parisiennes. Il était connu pour venir à bout des douleurs les plus tenaces, là où nombre de médecins échouaient. Les habitants l’adoraient. »
– un habitant du quartier de la Pile à Roubaix.
Un homme de bien qui questionne l’exercice illégal de la médecine…
Malgré plusieurs poursuites judiciaires engagées par l’Ordre des médecins, le Ministère de la santé ou encore l’Organisation des chiropracteurs, pour exercice illégal de la médecine, il est soutenu par des centaines de témoignages positifs, dont certains émanent de médecins et de figures religieuses et… une pétition de 54 000 signatures en sa faveur! (ce qui est vraiment exceptionnel pour cette époque sans internet).
Lors d’un procès mémorable en 1967, il achève de convaincre le tribunal en soulageant sur-le-champ les terribles douleurs de dos de la greffière! Rendu à l’évidence, et ne constatant aucune volonté de nuire, le tribunal ordonne la relaxe.
Il continue d’exercer jusqu’à sa mort en 1985, laissant derrière lui un héritage unique. Sa mémoire est encore vive, avec des récits transmis par ses patients et un vitrail dédié à son histoire, désormais exposé au Musée La Piscine de Roubaix.
Distinctions
- Diplôme de croix d’honneur de chevalier, 1966
- Médaille d’honneur de la jeunesse et des sports, 1964
- Commandeur de l’ordre de Saint-Bourgogne
- Certificat de reconnaissance délivré par l’association française de chiropraxie, 2024.
En pratique
Comme on peut le voir sur les images de la vidéo, son protocole est rapide et efficace. Il se résume à faire craquer la colonne vertébrale de la manière suivante:
- Il commence par l’invocation chrétienne:
« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, Amen. » … en faisant le signe de la croix. - Pour les cervicales il utilise ses 2 mains pour faire craquer brusquement la tête du patient vers la droite, puis vers la gauche,
- Pour les vertèbres dorsales il saisi les bras de son patient et donne quelques coups secs avec sa tête,
- Enfin pour les lombaires, une main posée sur chaque épaule du patient, il utilise son genou pour faire craquer
- Puis il conclue par une tape vigoureuse sur les épaules du patient suivie d’une parole d’encouragement.
Aujourd’hui à la vue de ces images d’une autre époque (proche tout de même), la plupart d’entre nous peuvent êtres choqués et ce, quelque soit notre culture, ce qui est très compréhensible car cela touche à notre structure vitale et tout être humain n’a alors aucun mal à s’identifier à la personne qui reçoit le traitement.
Il y a là matière à de sérieuses réflexions et discussions.
Mais ce qui me touche le plus c’est cette image où on le voit déambuler dans la foule en s’adressant à chacun avec ces paroles:
«Courage et confiance !»
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